Le 25 novembre est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. A cette occasion, l’Ined publie « Virage », une immense étude qui dresse un constat inquiétant des violences subies par les femmes aussi bien dans l’enfance, le couple, le travail que dans l’espace public.

1 femme sur 7 déclare avoir vécu au moins une agression sexuelle – attouchements ou étreintes forcées –, 4 % un viol ou une tentative. Pour 56 % d’entre elles, les fait ont eu lieu avant l’âge de 18 ans. Les violences se produisent essentiellement au sein de la famille ou de l’entourage. Ces chiffres terribles sont l’un des enseignements de l’immense enquête « Virage » publiée par l’Ined. Celle-ci explore toutes les formes de violences, y compris les plus banalisées comme le harcèlement (1 femme sur 4) dans l’espace public (rue, transports), longtemps assimilé à de la séduction « à la Française ». Les femmes jeunes y sont particulièrement confrontées.

13 % SEULEMENT DES AUTEURS DE VIOLENCE DANS LE CADRE DU TRAVAIL SONT SANCTIONNÉS

Le travail, un haut lieu de violence

Le travail est un milieu à risque pour les femmes : 1 femme sur 5 déclare y avoir subi au moins un fait de violence dans l’année (propos, attitudes équivoques, agressions sexuelles (4 %) ou physiques (2 %). La hiérarchie est le plus souvent responsable des pressions psychologiques, alors que le public extérieur ou les fournisseurs sont impliqués dans les violences physiques. Ce sont les femmes cadres ou des professions intermédiaires qui les déclarent le plus – ce qui ne veut pas dire qu’elles en sont le plus victimes. Les fréquences sont plus importantes pour les femmes en contrat à durée déterminée et les fonctionnaires, « piégées » par une mobilité professionnelle difficile. Les victimes sont plus souvent en situation de vulnérabilité économique ou familiale. Elles développent des affections chroniques, des dépressions qui entrainent des arrêts de travail. Près d’un tiers d’entre elles indiquent des conséquences graves : démissions, licenciements, mutations, inaptitude au travail. Plus grave, dans 13 % des cas seulement, l’auteur ou l’employeur a été sanctionné, et pour une minorité (6,5 %), des réparations ont été obtenues.

Couple toxique

Si les situations de mises sous contrôle et le dénigrement systématique ont diminué de manière significative ces dernières années car les jeunes générations tolèrent moins ces comportements, les formes les plus graves de violence dans le couple n’ont pas baissé en vingt ans. Elles sont psychologiques, physiques, sexuelles ou exercées sur les enfants, que ce soit durant la vie conjugale, en période de séparation ou après. Tous les milieux sociaux sont concernés, mais la violence est fortement corrélée à l’absence d’emploi, synonyme d’isolement social.  Le fait qu’un ou les deux conjoints restent au quotidien au domicile augmente leur fréquence, ce qui explique sans doute leur explosion lors des deux confinements. Il existe des éléments déclencheurs, comme le début d’une vie commune ou l’arrivée d’un enfant. Celui-ci transforme la relation conjugale et rend la séparation plus complexe, même si les femmes quittent plus que par le passé un conjoint violent. La séparation est une période de risque majeur. 20 % des femmes déclarent des violences très graves subies juste avant et 16 % après. En cas de violence physique, plus de 60 % des femmes ont vu un médecin ou ont été hospitalisées, d’où l’importance de la formation des professionnels de santé sur cette question. Moins d’une femme sur 5 porte plainte, car elles craignent les conséquences sur elles ou leurs enfants.

LES VIOLENCES FAMILIALES DANS L’ENFANCE DEMEURENT FORTEMENT CORRÉLÉES AUX PROBLÈMES DE SANTÉ À L’ÂGE ADULTE.

Avant 18 ans, des violences alarmantes

Plus inquiétant encore, 1 femme sur 5 déclare avoir subi des violences « para ou intrafamiliales » avant l’âge de 18 ans. Le père en premier lieu, puis la mère sont mentionnés dans les violences psychologiques et physiques, les hommes de la famille ou proches sont, le plus souvent, les auteurs d’agressions sexuelles. En raison de leur jeune âge, la très grande majorité des victimes n’entreprennent pas de démarches auprès des autorités. Cachées, ces violences restent très peu prises en compte par les politiques publiques. Et c’est bien le drame, car les violences familiales dans l’enfance demeurent fortement corrélées aux problèmes de santé. Parmi les personnes ayant rapporté une tentative de suicide à l’âge adulte, la part des victimes de violences avant 18 ans est notable. Les femmes qui les ont vécues sont plus exposées aux situations de violence tout au long de leur vie. Autre enseignement de l’enquête : la fréquence des troubles ostéo-articulaires chez les victimes.

Chantage, humiliation, injures, coups, ne restez pas seules… Contactez le 3919. L’appel est gratuit et anonyme.


Source : Viva // © photo : Pixabay

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